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À partir de la légende dorée de saint Maurice



Dernière mise à jour
le 30/11/2023

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Saint Maurice
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À partir de la légende dorée
Maurice vient de mare, mer et de cis :
  • mer qui veut dire vomissant ou bien dur
  • cis, signifiant conseilleur ou qui se hâte

D’après Isidore, il vient de mauron qui signifie noir en grec. En effet, il eut de l’amertume à cause de la misère et de l’expatriation. Il fut vomissant en rejetant le superflu, dur et ferme en souffrant les tourments, conseilleur, par les exhortations qu’il adressa à ses compagnons d’armes. Il se hâta par la ferveur et la multiplicité de ses bonnes œuvres. Il fut noir, parce qu’il se méprisa lui-même.

Le bienheureux Eucher, archevêque de Lyon, écrivit et compila leur martyre.

Maurice passe pour avoir été le chef de la légion qu’on appelle thébaine. On les nomma ainsi, car ils étaient originaires de Thèbes, ville située en Orient, au-delà des confins de l’Arabie. Le pays est riche, fertile et produit des fruits délicieux. Ses habitants ont une grande taille. Ils sont habiles dans le maniement des armes, intrépides dans les combats, d’un caractère éclairé et très sage. La ville de Thèbes eut cent portes. Elle est située sur les bords du Nil qui sort du paradis et qui se nomme Gyon. C’est d’elle qu’on a dit : « Ecce vetus Thebea centum jacet obruta portis(1). »

Saint Jacques, frère du Seigneur prêcha la parole du salut et augmenta la foi des habitants.

En 277, voulant détruire la foi, Dioclétien et Maximien envoyèrent des lettres dans toutes les provinces habitées par les chrétiens. Il y était écrit : « S’il était besoin de déterminer et de savoir n’importe quoi et que le monde entier fut assemblé d’un côté et que Rome seule se trouva de l’autre, le monde entier vaincu s’enfuirait et Rome resterait seule au faîte de la science. Pourquoi donc vous, chétive populace, résistez-vous à ses ordres et vous enorgueillissez-vous si ridiculement contre ses prescriptions ? Ou bien donc recevez la foi des dieux immortels, ou bien une sentence irrévocable de condamnation sera lancée contre vous. »

Les chrétiens qui reçurent ces lettres renvoyèrent tous les messagers sans réponse. Alors, poussés par la colère, Dioclétien et Maximien envoyèrent dans toutes les provinces des ordres par lesquels tous ceux qui étaient en état de porter les armes devaient se rendre à Rome afin de soumettre tous les rebelles de l’Empire romain. Les lettres des empereurs furent portées au peuple de Thèbes qui selon le commandement divin rendait à Dieu ce qui était dû à Dieu, et à César ce qui appartenait à César.

On leva donc une légion d’élite composée de 6 666 soldats qu’on envoya aux empereurs pour leur venir en aide dans les guerres justes, mais pas pour porter les armes contre les chrétiens qu’ils devaient de préférence défendre. À la tête de cette légion se trouvait l’illustre Maurice : les porte-étendard étaient Candide Innocent, Exupère, Victor et Constantin. Dioclétien envoya contre les Gaules Maximien avec une armée innombrable à laquelle il joignit la légion thébaine. Les soldats de cette légion avaient été exhortés par le pape Marcellin à se laisser égorger plutôt que de renier la foi qu’ils avaient reçue.

Quand toute l’armée eut franchi les Alpes et fut arrivée à Octodunum, l’empereur ordonna que tous ceux qui étaient avec lui offrissent un sacrifice aux idoles(2) et s’unissent par un serment unanime contre les rebelles à l’Empire et principalement contre les chrétiens. Quand les soldats de la Légion apprirent cela, ils se retirèrent de l’armée à une distance de huit milles et se placèrent dans un endroit agréable nommé Agaune sur les bords du Rhône. Aussitôt informé, Maximien leur envoya par des soldats l’ordre de venir immédiatement sacrifier aux dieux. Ils répondirent qu’ils ne pouvaient le faire attendu qu’ils suivaient la foi de Jésus Christ. Alors, enflammé de colère, l’empereur dit : « Au mépris qu’on fait de moi se joint une injure adressée au ciel et avec moi la religion des Romains est méprisée. Que le soldat rebelle apprenne que je puis non seulement me venger, mais venger encore mes dieux. »

L’Empereur envoya alors des soldats en leur donnant l’ordre de les forcer à sacrifier aux dieux ou de les décimer sur-le-champ. Les futurs saints présentèrent donc leur tête avec joie. C’était à qui passerait devant pour parvenir à la mort. Alors Maurice se leva et les harangua en disant entre autres choses : « Je vous félicite parce que vous êtes tous prêts à mourir pour la foi de Jésus Christ. J’ai laissé tuer vos camarades parce que je vous ai vus disposés à souffrir pour Jésus Christ et j’ai gardé le précepte du Seigneur qui dit à saint Pierre : “Mettez votre épée dans le fourreau.” Donc puisque les cadavres de nos camarades sont déjà comme un rempart autour de nous et que nos vêtements sont rougis du sang de nos compagnons, nous aussi, suivons-les au martyre. Or, voici, si vous le trouvez bon, ce que nous répondrons à César : “Nous sommes vos soldats, Empereur, et nous avons pris les armes pour la défense de la république ; chez nous il n’y a pas de trahison, pas de peur, mais jamais nous n’abandonnerons la foi de Jésus Christ” »

Quand l’empereur apprit cela, il ordonna une seconde fois qu’on en décapitât un sur dix. Cette exécution achevée, l’enseigne Exupère prit le drapeau et, debout au milieu de ses compagnons d’armes, il parla ainsi : « Notre glorieux commandant Maurice a dit la gloire de nos camarades. Exupère, votre enseigne, n’a pas non plus pris ces armes pour résister. Que nos mains droites jettent ces armes de la chair et qu’elles s’arment de vertus et, si vous le trouvez bon, adressons cette réponse à César : “Nous sommes tes soldats, Empereur, mais nous sommes aussi les serviteurs de Jésus Christ. Nous le professons librement. Nous te devons le service militaire, mais à lui notre innocence. De toi nous recevons la solde de notre labeur, et de lui nous avons reçu la vie dès le commencement. Nous sommes disposés à souffrir pour lui tous les tourments, et jamais nous ne déserterons sa foi.” »

Alors, l’impie César ordonna que son armée entourât la légion tout entière pour que personne ne puisse s’échapper. Les soldats du Christ furent investis par les soldats du diable et massacrés par leurs mains infâmes. Foulés aux pieds des chevaux, ils reçurent la consécration du martyre vers l’an 280. Dieu permit que plusieurs s’échappent. Ils vinrent dans d’autres pays prêcher le nom de Jésus Christ. Ils obtinrent aussi les honneurs du triomphe dans des lieux différents. On dit que se trouvèrent parmi eux Solutor, Adventor et Octavius qui vinrent à Turin, Alexandre à Pergame, Second à Vintimille, Constant qui est saint, Victor, Ursus et plusieurs autres. Or, pendant que les bourreaux se partageaient le butin et qu’ils mangeaient ensemble, passa un vieillard nommé Victor qu’ils invitèrent à manger avec eux. Victor leur demanda comment ils pouvaient manger avec joie au milieu de tant de milliers de cadavres. Quelqu’un lui ayant appris qu’ils étaient morts pour la foi de Jésus Christ, il se mit à soupirer et à gémir amèrement, en disant tout haut qu’il eût été bienheureux s’il avait partagé leur martyre. Les soldats ayant découvert qu’il était chrétien se ruèrent sur lui et l’égorgèrent aussitôt.

Plus tard, Maximien à Milan et Dioclétien à Nicomédie déposèrent la pourpre le même jour pour vivre en simples particuliers et pour que de plus jeunes qu’eux, savoir : Constance, Maxime et Galère qu’ils avaient faits césars, gouvernassent l’Empire. Mais, comme Maximien voulait encore gouverner tyranniquement, il fut poursuivi par Constance, son gendre, et étranglé. Toutefois, le corps de saint Innocent, de la même légion qui avait été jeté dans le Rhône fut enseveli avec d’autres dans une église par Domitien, évêque de Genève, Gratus, évêque d’Aoste, et Protaise, évêque du même pays.

Quand on construisit cette église, il y eut un ouvrier païen qui pendant la solennité des offices d’un dimanche auxquels les autres assistaient travailla seul. Alors paraît l’armée des saints. Cet ouvrier fut saisi, battu et accusé parce que’il faisait son œuvre servile un dimanche. Quand les autres assistaient au service divin, il travaillait. Quand il eut été corrigé, il courut à l’église et demanda à se faire chrétien.

Saint Ambroise parle ainsi de ces martyrs dans sa préface : « Cette troupe de fidèles, éclairée de la lumière divine, vint des extrémités du monde pour vous adresser, Seigneur, ses supplications. Cette légion de guerriers, protégée par ses armes matérielles, était aussi bien défendue par les armes spirituelles, quand elle courut au martyre avec la plus généreuse constance. Le cruel tyran, pour les effrayer par la crainte, les fit mourir en les décimant. Mais comme tous persistaient imperturbablement à confesser la foi, il les fit égorger tous de la même manière. La ferveur, au reste, les animait, au point qu’ils se dépouillèrent de leurs armes, fléchissent le genou et reçurent les coups de la main des bourreaux avec la joie au cœur. Parmi eux, saint Maurice, embrasé d’amour pour votre foi, gagna dans ce combat la couronne du martyre. »

Une femme avait confié son fils pour l’instruire à l’abbé du monastère où reposent les corps des saints martyrs. Cet enfant mourut. Elle le pleura sans pouvoir se consoler. Saint Maurice lui apparut et lui demanda pourquoi elle pleurait ainsi son fils. Elle lui répondit que tant qu’elle vivrait, elle ne cesserait de verser des larmes.

Il lui dit : « Ne le pleure pas comme mort, mais sache qu’il habite avec nous : si tu désires en être certaine, demain et chaque jour de ta vie, si tu te lèves pour assister aux matines, tu pourras entendre sa voix parmi celles des moines qui psalmodient. ». Ce qu’elle fit toujours. Elle put toujours distinguer la voix de son fils qui chantait avec les moines.

Une fois que le roi Gontran eut renoncé aux pompes du siècle et distribué ses trésors aux pauvres et aux églises, il envoya un prêtre pour lui apporter des reliques de ces saints. Comme ce prêtre revenait avec les reliques qu’il avait obtenues, une tempête qui s’éleva sur le lac de Lausanne. Elle allait engloutir le vaisseau. Il opposa la châsse qui contenait les reliques contre les flots. Aussitôt, il se fit un calme complet.

En 963, par l’entremise de Charles, des moines obtinrent du pape Nicolas les corps de saint Urbain, pape, et de saint Tiburce, martyr. À leur retour, ils visitèrent l’église des Saints-Martyrs. Ils demandèrent à l’abbé et aux moines de transporter le corps de saint Maurice et le chef de saint Innocent à Auxerre dans l’église que saint Germain avait dédiée depuis longtemps à ces saints martyrs.

Pierre Damien rapporte qu’il y avait en Bourgogne un clerc orgueilleux et cupide qui s’était emparé d’une église dédiée à saint Maurice, malgré la résistance d’un puissant chevalier. Comme on chantait un jour la messe et que l’on disait à la fin de l’évangile : « Celui qui s’élève sera humilié et celui qui s’humilie sera élevé », ce misérable se mit à rire en disant : « C’est faux ; car si je m’étais humilié devant mes adversaires, je ne jouirais pas aujourd’hui des abondantes richesses de l’Église. » La foudre entra comme un glaive dans la bouche de celui qui avait vomi ces paroles blasphématoires et le tua sur le coup.


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Notes

(1) Contemplez les débris de Thèbes aux cent portes. Retour

(2) Ce fut à Martigny-le-Bourg où se conservent encore de remarquables fragments d’un temple de Jupiter que fut imposé le sacrifice. cf. Histoire de l’architecture sacrée, par Blavignac, p. 38. Retour