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La Fabrique Perrusson



Dernière mise à jour
le 30/11/2023

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Les établissements Perrusson comptèrent parmi les nombreux sites de production de céramiques architecturales établis, à la fin du XIXe siècle, sur les rives du canal du Centre.

Aussi loin que les documents d’archives permettent de le constater, le nom Perrusson se trouve lié aux voies d’eau. À Écuisses, en 1860, Jean-Marie Perrusson, fils d’un batelier, se lança dans la fabrication de pièces produites à partir d’argiles extraites sur place. Les Perrusson n’auraient probablement pas vécu l’aventure de la céramique sans le développement des entreprises Schneider et Cie au Creusot, de la Grande Tuilerie de Bourgogne à Montchanin et, dans une moindre mesure, de la Compagnie des mines de Blanzy à Blanzy-Montceau, dont ils étaient les prestataires de service. Cette activité de voiturier par eau leur a fourni un observatoire de choix des tendances de l’économie.

Vers 1860, les Perrusson décident d’abandonner le voiturage par eau comme activité exclusive et se lancent dans l’industrie céramique, modestement d’abord, sous la forme d’une briqueterie en 1860, puis d’une tuilerie en 1862. L’ascension sociale est rapide. Les activités de voiturage par eau ont procuré à la famille une certaine aisance ; en l’espace d’une dizaine d’années, entre 1864 et 1870, la famille Perrusson accède au rang de notables. Elle abandonne alors la demeure familiale bâtie à Saint-Julien-sur-Dheune et s’en fait construire une autre, près de l’usine, du canal du Centre et de la voie ferrée, là où s’est déplacé le centre vital de la commune d’Écuisses.

Chargée d’éléments décoratifs issus de la production de l’entreprise, la villa sert à exposer, ostensiblement, le catalogue de l’usine. On parlerait aujourd’hui de plan marketing et de salle d’expostion. La construction de la propriété s’échelonne entre 1869 et 1900. Ses décors colorés sont créés et réalisés dans l’usine attenante, en collaboration avec l’architecte Tony Ferret et des artistes formés aux écoles d’art de Lyon et Paris.

Les commanditaires invités à déjeuner peuvent ainsi apprécier, sur pièce, la qualité des éléments céramiques présents sur les façades, décorant les parois intérieures de l’oriel, les pavements, les plafonds. Une large ouverture est judicieusement ménagée dans le parc arboré, offrant aux voyageurs de la ligne de chemin de fer une vue imprenable sur la villa et ses décors. La villa Perrusson est située à proximité du canal du Centre dont le percement, débuté en 1784, révéla des gisements d’argile qui favorisent l’essor de la « vallée de la céramique » de Digoin à Chalon. De la quarantaine d’entreprises en activité entre 1820 et 1960, ne subsistent aujourd’hui que cinq unités en activité.

Hormis les bâtiments de l’administration de l’entreprise Perrusson-Desfontaines situés en bordure du canal du Centre, la villa est le dernier vestige remarquable de cette entreprise de transport par voie fluviale devenue entreprise de production de céramique et tuilerie, avec des sites de production développés à Écuisses et Saint-Julien-sur-Dheune en Bourgogne.

Cette « maison-catalogue » unique en son genre, protégée au titre des Monuments historiques, illustre la réussite sociale de ces entrepreneurs, leur sens des affaires, de la communication et leur goût éclectique.

La fin de la Première Guerre mondiale sonne la fin de l’âge d’or de la céramique architecturale. De prestigieux établissements disparaissent. Dès les années 1940, le groupe Perrusson-Desfontaines étudie des solutions pour se moderniser, mais la société est liquidée en 1959, l’usine d’Écuisses fermant définitivement ses portes en 1960.

Chronologie sommaire

Les historiens remarquent d’ailleurs que certains décors ont été récupérés sur le kiosque de l’exposition universelle de 1889 que l’entreprise Perrusson avait dressé au pied de la tour Eiffel.

La technique du carreau incrusté

Les carreaux mosaïques de grès étaient fabriqués selon la technique du carreau incrusté, teinté dans la masse.

Dans un moule en laiton reproduisant le « carton » (le dessin au crayon) par des cloisonnements (sorte de pochoirs isolant les différentes formes et couleurs), on déposait une couche de pigments (oxydes métalliques) d’environ deux millimètres. Le pochoir était ensuite délicatement retiré, puis le moule était rempli d’argile neutre humide pour faciliter le compactage des couleurs par l’intermédiaire d’une presse hydraulique produisant une pression de 50 kg au cm2.

Pressés puis cuits à haute température, les motifs sont ainsi fixés. À la différence de ses voisins italiens, néerlandais, espagnols ou portugais, la France a employé tardivement les céramiques dans l’architecture extérieure et l’espace public.

Un ensemble de raisons culturelles, artistiques, techniques et sociologiques éveillent un engouement au cours du XIXe siècle. L’attrait pour l’Orient suscité par les campagnes de Napoléon, la redécouverte de la polychromie de l’architecture antique et médiévale font naître l’idée d’utiliser la couleur à l’extérieur des édifices. Dès 1863, l’ouvrage de référence d’Eugène Viollet-le-Duc, Entretiens sur l’architecture, marque durablement en France les nouvelles générations d’architectes et les amateurs d’art. Le célèbre théoricien y préconise l’usage des matériaux céramiques corrélatif à la diffusion de l’emploi du fer dans l’architecture. Par ailleurs, la bourgeoisie en plein essor commande, parfois sur catalogue, une architecture qui la distingue. La mode de la villégiature et des villas cultive le goût de la fantaisie et du détail. D’importantes innovations techniques et l’industrialisation des processus de fabrication permettent une diffusion de masse. à la fin du XIXe siècle enfin, la céramique architecturale est confortée par l’Art nouveau.

Les terres à grès sont des argiles secondaires ou sédimentaires, plastiques et à forte teneur en silice, appelées argiles grésantes, et dont la vitrification s’effectue environ de 1 200 °C à 1 300 °C.

Les grès sont en général reconnaissables à leur couleur qui va du chamois ou gris clair à un gris plus foncé ou au brun. En effet, les argiles grésantes prennent une teinte foncée, car leur cuisson est effectuée en atmosphère réductrice, alors que les poteries habituelles sont de couleur claire, rosée ou rougeâtre, du fait d’une cuisson en atmosphère oxydante.

Les terres à grès varient beaucoup dans leur plasticité et leur température de cuisson et il n’y a pas de distinction bien nette entre les terres à feu ou à grès. En fait, la classification des types d’argile repose plus sur leur utilisation céramique que sur leur véritable nature chimique ou physique ou sur leur origine géologique. De nombreuses argiles naturelles sont utilisables pour la fabrication du grès, elles peuvent avoir exactement la plasticité requise pour le tournage et présenter les caractères spécifiques du grès quant au séchage et à la cuisson.

La même argile peut très bien être employée à la fois comme terre réfractaire pour faire des briques à feu et pour la fabrication de grès cuisant à haute température, la seule limitation étant la présence de composés chimiques favorisant la fusion à ce niveau de température. Les oxydes métalliques, les composés alcalins ou acides, les sels ont pour effet systématique d’abaisser la température de fusion de la terre en la rendant impropre à la cuisson à haute température : la terre fond littéralement et le tesson s’affaisse comme un verre.

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