LOGO de l’Association Eglise Saint Maurice pour la rénovation
de l’église
Saint-Maurice
de
Neuville-les-Dames

À partir de la légende dorée de sainte Marie-Madeleine



Dernière mise à jour
le 30/11/2023

Plan du site
Menu en haut de page
Aide
Sainte Marie Madeleine
Agrandissement
avec zoom en cliquant
sur la grande image
Retour à la présentation générale de sainte Marie Madeleine - Retour à Vitraux : thématique et ordonnancementn

À partir de la légende dorée
Marie signifie mer amère, ou illuminatrice, ou illuminée. Ces trois significations montrent les trois excellentes parts qu’elle a choisies :
  • la pénitence,
  • la contemplation intérieure,
  • la gloire céleste.
Jésus a dit de ces trois parts : « Marie a choisi une excellente part qui ne lui sera pas enlevée. »

Aucune de ces parts ne lui sera enlevée :

  • la première à cause du but, parce qu’elle se proposait d’acquérir, la béatitude,
  • la seconde à cause de la continuité, parce que la contemplation de la vie est continuée par la contemplation de la patrie,
  • la troisième en raison de son éternité.
Elle fut appelée de trois façons :
  • Mer amère parce qu’elle avait choisi l’excellente part de pénitence. Elle y eut beaucoup d’amertume comme le montre l’abondance des larmes qu’elle répandit et avec lesquelles elle lava les pieds du Seigneur.
  • Illuminatrice parce qu’elle a choisi l’excellente part de la gloire céleste. Elle y a reçu avec avidité ce qu’elle a ensuite rendu avec abondance. Elle y a reçu la lumière avec laquelle elle a plus tard éclairé les autres.
  • Illuminée parce qu’elle a choisi l’excellente part de la gloire céleste. Elle est maintenant illuminée dans son esprit par la lumière de la parfaite connaissance et dans son corps, elle est illuminée de clarté.

Madeleine veut dire restant coupable (manens rea) ou bien encore munie, invaincue, magnifique. Ces qualités indiquent ce qu’elle fut avant, pendant, et après sa conversion.

  • Avant sa conversion, elle restait coupable et vouée à la damnation éternelle.
  • Pendant sa conversion, elle était munie et invaincue, parce qu’elle était armée de pénitence. Car autant elle a eu de délectation, autant elle en a fait l’objet de ses holocaustes.
  • Après sa conversion, elle fut magnifique par la surabondance de grâces. Où avait abondé le péché, la grâce a surabondé.(1)

Marie, surnommée Magdeleine, du château de Magdalon, naquit de parents illustres, puisqu’ils descendaient de la race royale. Son père se nommait Syrus et sa mère Eucharie. Marie possédait en commun avec Lazare, son frère et Marthe, sa sueur, le château de Magdalon, situé à deux milles de Génézareth, Béthanie qui est proche de Jérusalem, et une grande partie de Jérusalem. Ils se partagèrent cependant leurs biens ainsi :

  • Marie eut Magdalon ce qui lui valut d’être appelée Magdeleine.
  • Lazare eut ce qui se trouvait à Jérusalem.
  • Marie posséda Béthanie.
Magdeleine recherchait tout ce qui peut flatter les sens. Lazare était occupé par le service militaire. Marthe qui était prudente gouvernait avec soin les intérêts de sa sœur et ceux de son frère. Elle fournissait le nécessaire aux soldats, à ses serviteurs et aux pauvres.

Ils vendirent tous leurs biens après l’ascension de Jésus-Christ et en apportèrent le produit aux apôtres. Magdeleine regorgeait de richesses. La richesse favorise la volupté. Ainsi plus elle brillait par ses richesses et sa beauté, plus elle salissait son corps par la volupté. Aussi perdit-elle son nom propre pour ne plus porter que celui de pécheresse.

Jésus Christ prêchait çà et là, inspirée par la volonté divine. Ayant entendu dire que le Seigneur dînait chez Simon le lépreux, Magdeleine y alla avec empressement. N’osant pas, en tant que pécheresse, se mêler aux justes, elle resta au pied du Seigneur, qu’elle lava de ses larmes, essuya avec ses cheveux et parfuma d’une essence précieuse. Comme il fait très chaud dans ce pays, les habitants utilisaient des parfums et des bains.

Simon le pharisien pensait que si Jésus Christ était un prophète, il ne se laisserait pas toucher par une pécheresse. Le Seigneur le reprit de son orgueilleuse justice et remit tous ses péchés à cette femme.

Le Seigneur lui accorda beaucoup de bienfaits et lui signifia de l’affection. Il chassa d’elle sept démons. Il l’embrasa d’amour pour lui. Il en fit son amie préférée. Il était son hôte. C’était elle qui dans ses courses, pourvoyait à ses besoins.

En toute occasion, il prenait sa défense. Il la disculpa

  • auprès du pharisien qui la disait immonde,
  • auprès de sa sœur qui la traitait de paresseuse,
  • auprès de Judits qui l’appelait prodigue.

En voyant ses larmes, il ne put retenir les siennes. Elle obtint que son frère, mort depuis trois jours, soit ressuscité et que sa sœur Marthe soit d’être délivrée d’un flux de sang, dont elle était affligée depuis sept ans. Martille, servante de sa sœur s’écria : « Bienheureux le sein qui vous a porté. »

D’après saint Ambroise, en effet, c’est de Marthe et de sa servante dont il est question. C’est elle qui

  • lava les pieds du Seigneur de ses larmes,
  • les essuya avec ses cheveux,
  • les parfuma d’essence,
  • le temps de la grâce arrivé, fit tout d’abord une pénitence exemplaire,
  • choisit la meilleure part,
  • se tenant assise aux pieds du Seigneur écouta sa parole, et lui parfuma la tête,
  • était auprès de la croix lors de la passion,
  • prépara des aromates dans l’intention d’embaumer son corps,
  • ne quitta pas le sépulcre quand les disciples se retirèrent.

Lors de sa résurrection, Jésus Christ apparut en premier à elle. Il la fit l’apôtre des apôtres. Quatorze ans après la passion, les Juifs ayant déjà saint Étienne et chassé les autres disciples de leur pays, ces derniers se retirèrent dans les régions habitées par les gentils, pour y semer la parole de Dieu. Il y avait alors avec les apôtres Maximin, l’un des 72 disciples, auquel Marie-Magdeleine avait été spécialement recommandée par Pierre, l’apôtre.

Au moment de cette dispersion, saint Maximin, Marie-Magdeleine, Lazare, son frère, Marthe, sa sœur, et Manille, servante de Marthe, et le bienheureux Cédonius, l’aveugle-né guéri par le Seigneur, furent mis par les infidèles sur un vaisseau avec plusieurs autres chrétiens et abandonnés sur la mer sans pilote pour être tous engloutis.

Dieu permit qu’ils abordassent à Marseille. N’ayant trouvé personne qui voulût les recevoir, ils restèrent sous le portique d’un temple élevé à la divinité du pays. Comme Marie-Magdeleine voyait le peuple accourir pour sacrifier aux dieux, elle se leva, le visage tranquille et le regard serein. Par des discours très adroits, elle le détournait du culte des idoles et prêchait Jésus Christ. Tous étaient dans l’admiration pour ses manières très distinguées, pour son aisance d’élocution et pour le charme de son éloquence.

Un prince arriva avec son épouse pour sacrifier aux idoles dans le but d’avoir un enfant. Magdeleine, en leur annonçant Jésus Christ, les dissuada d’offrir des sacrifices. Quelques jours après, Magdeleine se montra dans une vision à cette dame et lui dit : « Pourquoi, vous qui vivez dans l’abondance, laissez-vous les saints de Dieu mourir de faim et de froid ? » Elle finit par la menacer en lui disant que si elle ne persuadait pas son mari de soulager la misère des chrétiens, elle encourrait la colère du Dieu tout puissant. Cependant, la princesse n’eut pas le courage de parler de la vision à son mari.

La nuit suivante Magdeleine lui apparut et lui dit la même chose. Cette femme négligea encore d’en faire part à son époux.

Une troisième fois, au milieu du silence de la nuit, Marie apparut à l’un et à l’autre. Elle frémissait et le feu de sa colère jetait une lumière qui aurait fait croire que toute la maison était en flammes. Elle dit : « Dors-tu, tyran ? Membre de Satan qui est ton père ? Tu reposes avec cette vipère, ta femme, qui n’a pas voulu te faire connaître ce que je lui ai dit. Te reposes-tu, ennemi de la croix de Jésus Christ ? Quand ton estomac est rempli d’aliments de toutes sortes, tu laisses périr de faim et de soif les saints de Dieu. Tu es couché dans un palais. Autour de toi, ce ne sont que tentures de soie. Tu les vois désolés et sans asile et tu passes outre. Non, cela ne finira pas de cette sorte. Ce ne sera pas impunément que tu auras différé de leur faire du bien. »

Elle se retira. À son réveil, la femme, haletante et effrayée, dit à son mari troublé comme elle : « Mon seigneur, avez-vous eu le même songe que moi ? »
Il répondit : « Oui, et je ne peux m’empêcher d’admirer et de craindre. Qu’avons-nous donc à faire ? »
La femme reprit : « Il vaut mieux pour nous, nous conformer à ce qu’elle dit, plutôt que d’encourir la colère de son Dieu dont elle nous menace. »

Ils reçurent donc les chrétiens chez eux et leur fournirent le nécessaire. Or, un jour que Marie-Magdeleine prêchait, le prince dont on vient de parler lui dit : « Penses-tu pouvoir justifier la foi que tu prêches ? »
Elle reprit : « Oui, je suis prête à la défendre. Elle est confirmée par les miracles quotidiens et la prédication de mon maître Pierre qui préside à Rome. ».
Le prince et son épouse lui dirent : « Nous voilà disposés à obtempérer à tous tes dires si tu nous obtiens un fils du Dieu que tu prêches. »
Alors Magdeleine dit : « Ce ne sera pas moi qui serai un obstacle. »

Et la bienheureuse pria pour eux. Le Seigneur exauça ses prières et la dame conçut. Son mari voulut partir pour rencontrer Pierre, pour s’assurer de la véracité de ce qu’avait annoncé Magdeleine au sujet de Jésus Christ.

Sa femme lui dit : « Quoi ! mon seigneur, pensez-vous partir sans moi ? Point du tout ; si vous partez, je partirai, si vous venez, je viendrai, si vous restez, je resterai. »
Son mari lui dit : « Il n’en sera pas ainsi, madame, car vous êtes enceinte et sur la mer on court des dangers sans nombre. Vous pourriez donc facilement être exposée. Vous resterez en repos à la maison et vous veillerez sur nos possessions. »
Elle persista et se jeta avec larmes aux pieds de son mari qui obtempéra à sa demande. Alors Marie mit le signe de la croix sur leurs épaules craignant que l’antique ennemi ne leur nuisît en route. Ils chargèrent un vaisseau de tout ce qui leur était nécessaire. Après avoir laissé le reste à la garde de Marie-Magdeleine, ils partirent. Ils n’avaient voyagé qu’un jour et une nuit quand la mer commença à s’enfler, le vent à gronder, de sorte que tous les passagers et principalement la dame enceinte, ballottés ainsi par les vagues, furent en proie aux plus graves inquiétudes. Les douleurs de l’enfantement saisirent la femme subitement. Au milieu de ses souffrances et de la violence de la tempête, elle mit un enfant au monde et expira.

Le petit nouveau-né palpitait éprouvant le besoin de se nourrir du lait de sa mère qu’il semblait chercher en poussant des vagissements pitoyables. Hélas ! quelle douleur ! En recevant la vie, cet enfant avait donné la mort à sa mère. Il ne lui restait plus qu’à mourir lui-même puisqu’il n’y avait personne pour lui administrer la nourriture nécessaire à sa conservation.

Que fera le pèlerin en voyant sa femme morte, et son, fils qui, par ses cris plaintifs, exprimait le désir de prendre le sein ? Il se lamentait beaucoup en disant : « Hélas ! malheureux ! que feras-tu ? Tu as souhaité un fils et tu as perdu la mère qui lui donnait la vie. »

Les matelots criaient : « Qu’on jette ce corps à la mer avant que nous ne soyons engloutis en même temps que lui, car tant qu’il sera avec nous, cette tempête ne cessera pas. » Comme ils avaient pris le cadavre pour le jeter à la mer, le pèlerin dit : « Un instant, un instant : si vous ne voulez pas attendre ni pour la mère ni pour moi, ayez pitié au moins de ce petit enfant qui crie ; attendez un instant, peut-être que la mère a seulement perdu connaissance dans sa douleur et qu’elle vit encore. »

Voici que non loin du vaisseau apparut une colline. À cette vue, il pensa qu’il n’y avait rien de mieux à faire que d’y transporter le corps de la mère et l’enfant plutôt que de les jeter en pâture, aux bêtes marines. Ce fut par prières et par argent qu’il parvint à obtenir des matelots d’aborder. Comme le rocher était si dur qu’il ne put creuser une fosse, il plaça le corps enveloppé d’un manteau dans un endroit très écarté de la montagne. Déposant son fils contre son sein, il dit : « Ô Marie-Magdeleine ; c’est pour mon plus grand malheur que tu as abordé à Marseille ! Pourquoi, faut-il que j’aie eu le malheur d’entreprendre ce voyage sut ton avis ? As-tu demandé à Dieu que ma femme conçût afin qu’elle pérît ? Car voici qu’elle a conçu et, en devenant mère, elle subit la mort. Son fruit est né et il faut qu’il meure, puisqu’il n’y a personne pour le nourrir. Voici ce que j’ai obtenu par ta prière. Je t’ai confié tous mes biens, je les confie à ton Dieu. Si tu as un peu de pouvoir, souviens-toi de l’âme de la mère et à ta prière que ton Dieu ait pitié de l’enfant et ne le laisse pas périr. » Il enveloppa alors dans son manteau le corps de sa femme et de son fils et remonta sur le vaisseau. Quand il fut arrivé chez Pierre, celui-ci vint à sa rencontre. En voyant le signe de la croix attaché sur ses épaules, il lui demanda qui il était et d’où il venait. Le pèlerin lui raconta tout ce qui s’était passé.

Pierre lui dit : « La paix soit avec vous. Vous avez bien fait de venir et vous avez été bien inspiré de croire. Ne vous tourmentez pas si votre femme dort et si son enfant repose avec elle, car le Seigneur a le pouvoir de donner à qui il veut, de reprendre ce qu’il a donné, de rendre ce qui a été enlevé, et de changer votre douleur en joie. »

Pierre le conduisit lui-même à Jérusalem et lui montra chacun des endroits où Jésus Christ avait prêché et fait des miracles. Il lui montra aussi le lieu où il avait souffert et celui d’où il était monté aux cieux. Deux ans plus tard, après avoir été instruit avec soin dans la foi par Pierre, il remonta sur un vaisseau dans l’intention de regagner sa patrie.

Dieu permit qu’ils passent près de la colline où avait été déposé le corps de sa femme avec le nouveau-né. Avec des prières et de l’argent, il obtint d’y débarquer. Le petit enfant, qui avait été gardé sain et sauf par Marie-Magdeleine, venait souvent sur le rivage. Comme tous les enfants, il avait coutume de jouer avec des coquillages et des cailloux. En abordant, le pèlerin vit donc un petit enfant qui s’amusait, comme on le fait à son âge, avec des pierres. Il ne se lassait pas d’admirer jusqu’à ce qu’il descendît de la nacelle. En l’apercevant, l’enfant, qui n’avait jamais vu de semblable chose, eut peur. Il courut comme il avait coutume de le faire au sein de sa mère sous le manteau de laquelle il se cacha.

Le pèlerin, pour mieux s’assurer de ce qui se passait, s’approcha de cet endroit et y trouva un très bel enfant qui prenait le sein. Il l’accueillit dans ses bras et dit : « Ô bienheureuse Marie-Magdeleine, quel bonheur pour moi ! Comme tout me réussirait si ma femme vivait et pouvait retourner avec moi dans notre patrie ! Je sais, oui, je sais et je crois sans aucun doute que vous qui m’avez donné un enfant et qui l’avez nourri sur ce rocher pendant deux ans, vous pourriez, par vos prières, rendre à sa mère la santé dont elle a joui auparavant. »
À ces mots, la femme respira et dit comme si elle se réveillait : « Votre mérite est grand, bienheureuse Marie-Magdeleine, vous êtes glorieuse, vous qui, dans les douleurs de l’enfantement, avez rempli pour moi l’office de sage-femme et qui en toute circonstance m’avez rendu les bons soins d’une servante. »
En entendant ces paroles, le pèlerin fut plein d’admiration. Il dit : « Vivez-vous, ma chère épouse ? »
Elle répondit : « Oui, je vis. Je viens d’accomplir le pèlerinage que vous avez fait vous-même. C’est Pierre qui vous a conduit à Jérusalem et qui vous a montré tous les lieux où Jésus Christ a souffert, est mort et a été enseveli, et beaucoup d’autres encore. Moi, c’est avec sainte Marie-Magdeleine pour compagne et pour guide que j’ai vu chacun de ces lieux avec vous. J’en ai confié le souvenir à ma mémoire. »

Alors elle énuméra tous les endroits où Jésus Christ a souffert. Elle raconta les miracles dont son mari avait été témoin sans la moindre hésitation. Le pèlerin joyeux prit la mère et l’enfant, s’embarqua. Peu de temps après, ils abordèrent à Marseille, où, étant entrés, ils trouvèrent Marie-Magdeleine annonçant la parole de Dieu avec ses disciples. Ils se jetèrent à ses pieds en pleurant et lui racontèrent tout ce qui leur était arrivé. Ils reçurent le baptême des mains du bienheureux Maximin. Ils détruisirent dans Marseille tous les temples des idoles et élevèrent des églises en l’honneur de Jésus Christ. Ensuite, ils choisirent à l’unanimité le bienheureux Lazare comme évêque de la Cité. Enfin conduits par l’inspiration de Dieu, ils vinrent à Aix dont ils convertirent la population à la foi de Jésus Christ en faisant beaucoup de miracles. Maximin fut ordonné évêque de cette ville.

Marie-Magdeleine, qui désirait se livrer à la contemplation des choses supérieures, se retira dans un désert affreux où elle resta inconnue pendant trente ans, dans un endroit préparé par les mains des anges. Dans ce lieu, il n’y avait pas de ressource, ni cours d’eau, ni arbre, ni herbe. Il fut évident que notre Rédempteur avait décidé de la rassasier, non pas de nourritures terrestres, mais des mets du ciel. Chaque jour, à l’instant des sept heures canoniales, elle était enlevée par les anges au ciel et elle y entendait les concerts charmants des chœurs célestes. Il en résultait que, rassasiée chaque jour à cette table succulente et ramenée par les mêmes anges aux lieux qu’elle habitait, elle n’éprouvait pas le moindre besoin d’user d’aliments corporels.

Un prêtre, qui désirait mener une vie solitaire, plaça sa cellule à douze stades de celle de Marie-Magdeleine. Un jour donc, le Seigneur ouvrit les yeux de ce prêtre qui put voir clairement comment les anges descendaient dans le lieu où demeurait la bienheureuse Marie, la soulevaient dans les airs et la rapportaient une heure après dans le même lieu, en chantant les louanges du Seigneur. Le prêtre voulait s’assurer de la réalité de cette vision. Après s’être recommandé par la prière à son créateur, il se dirigea avec dévotion et courage vers cet endroit. Quand il fut à un jet de pierre, ses jambes commencèrent à fléchir, une crainte violente le saisit et lui ôta la respiration. S’il revenait en arrière, ses jambes et ses pieds reprenaient des forces pour marcher, mais s’il tentait de s’approcher du lieu, la lassitude s’emparait de son corps et son esprit s’engourdissait. Il comprit donc qu’il y avait là un secret du ciel auquel l’esprit humain ne pouvait atteindre. Après avoir invoqué le nom du Sauveur, il s’écria : « Je t’adjure par le Seigneur, que si tu es un homme ou bien une créature raisonnable habitant cette caverne, tu me répondes et tu me dises la vérité. ».
Quand il eut répété ces mots trois fois, Marie-Magdeleine lui répondit : « Approchez plus près, et vous pourrez connaître la vérité de tout ce que votre âme désire. ».
Quand il se fut approché tout tremblant jusqu’au milieu de la voie à parcourir, elle lui dit : « Vous souvenez-vous qu’il est question dans l’Évangile de Marie, cette fameuse pécheresse qui lava de ses larmes les pieds du Sauveur et les essuya de ses cheveux ? Ensuite, elle mérita le pardon de ses fautes ? »
Le prêtre lui répondit : « Je m’en souviens. Depuis plus de trente ans, la sainte Église croit et confesse ce fait. »
Elle dit : « C’est moi qui suis cette femme. Je suis restée inconnue aux hommes pendant trente ans. Comme il vous a été accordé de le voir hier, chaque jour, je suis enlevée au ciel par les mains des anges et j’ai eu le bonheur d’entendre avec les oreilles du corps les admirables concerts des chœurs célestes, sept fois par chaque jour. Or, puisqu’il m’a été révélé par le Seigneur que je dois sortir de ce monde, allez trouver le bienheureux Maximin et dites-lui que, le jour de Pâques prochain, à l’heure qu’il a coutume de se lever pour aller à matines, il entre seul dans son oratoire et qu’il m’y trouvera transportée par le ministère des anges. ».

Le prêtre entendait sa voix comme celle d’un ange, mais il ne voyait personne. Il se hâta donc d’aller trouver Maximin et lui raconta tous ces détails. Maximin, rempli de joie, rendit alors au Sauveur d’immenses Actions de grâce. Au jour et à l’heure qu’il lui avait été dit, en entrant dans son oratoire, il vit Marie-Magdeleine debout dans le chœur au milieu des anges qui l’avaient amenée. Elle était à deux coudées au-dessus de la terre, debout au milieu des anges. Elle priait Dieu, les mains étendues. Comme Maximin tremblait en approchant d’elle, Marie dit en se tournant vers lui : « Approchez plus près. Ne fuyez pas votre fille, mon père. » Comme il est écrit dans les livres de Maximin, en s’approchant, il vit que le visage de la sainte rayonnait par les continuelles et longues communications avec les anges. Les rayons du soleil étaient moins éblouissants que sa face. Maximin convoqua tout le clergé et le prêtre précédemment cité. Marie-Magdeleine reçut le corps et le sang du Seigneur des mains de l’évêque avec une grande abondance de larmes. S’étant ensuite prosternée devant la base de l’autel, son âme passa au Seigneur après être sortie de son corps. Une odeur si suave se répandit. Pendant près de sept jours, ceux qui entraient dans l’oratoire la ressentaient. Maximin embauma le corps avec différents aromates, l’ensevelit, et ordonna qu’une fois mort, on l’ensevelisse près d’elle.

Hégésippe, ou bien Joseph, selon d’autres, est assez d’accord avec cette histoire. Il dit dans son traité que Marie-Magdeleine, après l’ascension du Seigneur, poussée par son amour envers Jésus Christ et par l’ennui qu’elle en avait, ne voulait plus jamais voir la face d’homme. Ensuite, elle vint dans le territoire d’Aix et alla dans un désert où elle resta inconnue pendant trente ans. D’après son récit, chaque jour, elle était transportée dans le ciel pour les sept heures canoniales. Il ajoute cependant qu’un prêtre, étant venu chez elle, la trouva enfermée dans sa cellule. Il lui donna un vêtement sur la demande qu’elle lui en fit. Elle s’en revêtit, alla avec le prêtre à l’église où après avoir reçu la communion, elle éleva les mains pour prier et mourut en paix devant l’autel.

Du temps de Charlemagne, en 769, Gyrard, duc de Bourgogne, ne pouvant avoir de fils de son épouse faisait de grandes largesses aux pauvres. Il construisait beaucoup d’églises et de monastères. Ayant fait bâtir l’abbaye de Vézelay, il envoya, de concert avec l’abbé de ce monastère, un moine avec une suite convenable, à Aix pour en rapporter, si possible, les reliques de sainte Marie-Madeleine. Arrivé à Aix, ce moine trouva la ville ruinée de fond en comble par les païens. Le hasard, lui fit découvrir un sépulcre dont les sculptures en marbre lui prouvèrent que le corps de sainte Marie-Magdeleine était à l’intérieur. L’histoire de la sainte était sculptée sur le tombeau. Une nuit, le moine le brisa, prit les reliques et les emporta à son hôtel. Cette nuit-là, Marie-Magdeleine lui apparut et lui dit d’être sans crainte et d’achever l’œuvre qu’il avait entreprise.

À son retour, à une demi-lieue de son monastère, il devint absolument impossible de déplacer les reliques jusqu’à l’arrivée de l’abbé et des moines qui les reçurent en procession avec honneur. Un soldat qui avait l’habitude de venir chaque année en pèlerinage fut tué dans une bataille. On l’avait mis dans le cercueil. Ses parents en pleurs se plaignaient avec confiance à sainte Magdeleine parce qu’elle avait laissé mourir un homme qui lui avait été si dévot, sans qu’il eût eu le temps de se confesser et de faire pénitence. Tout à coup, à la stupéfaction générale, celui qui était mort ressuscita, demanda un prêtre. Après s’être dévotement confessé et avoir reçu le viatique, il mourut en paix.

Un navire sur lequel se trouvaient beaucoup d’hommes et de femmes fit naufrage. Mais une femme enceinte, se voyant en danger de périr dans la mer, invoquait, autant qu’il était en son pouvoir, sainte Magdeleine. Elle fit le vœu que si grâce à ses mérites, elle échappait au naufrage et mettait un fils au monde, elle le dédierait à son monastère. À l’instant, une femme d’un aspect et d’un port vénérable lui apparut, la prit par le menton et la conduisit saine et sauve sur le rivage. Tous les autres périrent. Peu de temps après, elle mit au monde un fils, et accomplit fidèlement son vœu.

Il y en a qui disent que Marie-Magdeleine était fiancée à saint Jean l’évangéliste et qu’il allait l’épouser quand Jésus Christ l’appela au moment de ses noces. Indignée parce que le Seigneur lui avait enlevé son fiancé, Magdeleine s’en alla et se livra à la volupté. Comme il n’était pas convenable que la vocation de Jean fût pour Magdeleine une occasion de se damner, le Seigneur, dans sa miséricorde, la convertit à la pénitence. En l’arrachant aux plaisirs des sens, il la combla des joies spirituelles qui se trouvent dans l’amour de Dieu. Quelques-uns prétendent que si Notre Seigneur admit saint Jean dans une intimité plus grande que les autres, ce fut parce qu’il l’arracha à l’amour de Magdeleine. Mais ce sont des choses fausses et frivoles. Dans le prologue sur l’Évangile de saint Jean, Frère Albert écrit que cette fiancée dont saint Jean fut séparé au moment de ses noces par la vocation de Jésus-Christ resta vierge et s’attacha par la suite à la sainte Vierge Marie, mère de Jésus Christ et qu’elle mourut saintement.

Un homme privé de la vue venait au monastère de Vézelay visiter le corps de Sainte Marie-Magdeleine. Quand son conducteur lui dit qu’il commençait à apercevoir l’église, l’aveugle s’écria à haute voix : « Ô sainte Marie-Magdeleine ! que ne puis-je avoir le bonheur de voir une fois votre église ! » À l’instant, ses yeux s’ouvrirent.

Un homme avait écrit ses péchés sur une feuille qu’il posa sous la nappe de l’autel de sainte Marie-Magdeleine en la priant de lui en obtenir la rémission. Peu de temps après, il reprit sa feuille. Tous les péchés en avaient été effacés.

Un homme détenu en prison à cause de ses dettes invoqua sainte Marie-Magdeleine. Une nuit lui apparut une femme d’une beauté remarquable qui, brisant ses chaînes et lui ouvrant la porte, lui commanda de fuir. Ce prisonnier se voyant délivré s’enfuit aussitôt.

Un clerc de Flandre, nommé Étienne, avait fait de grands crimes en s’adonnant à toutes les scélératesses. Il ne voulait plus entendre parler du salut. Il avait cependant une grande dévotion pour sainte Marie-Magdeleine. Il jeûnait ses vigiles et honorait le jour de sa fête. Une fois alors qu’il visitait son tombeau, sainte Marie-Magdeleine lui apparut pendant qu’il n’était ni tout à fait endormi ni tout à fait éveillé. Elle avait la figure d’une belle femme. Ses yeux étaient tristes. Elle était soutenue à droite et à gauche par deux anges. Elle lui dit : « Je t’en prie, Étienne, pourquoi te livres-tu à des actions indignes de moi ? Pourquoi n’es-tu pas touché par les paroles pressantes que je t’adresse de ma propre bouche ? Dès l’instant où tu as eu de la dévotion pour moi, j’ai toujours prié d’une manière pressante le Seigneur pour toi. Allons, courage, repens-toi, car je ne t’abandonnerai pas avant que tu ne sois réconcilié avec Dieu. » Il se sentit inondé de tant de grâces que, renonçant au monde, il entra en religion et eut une vie parfaite. À sa mort, on vit sainte Marie-Magdeleine apparaître avec des anges près de son cercueil et porter au ciel, avec des cantiques, son âme sous la forme d’une colombe.

Retour à la présentation générale de sainte Marie Madeleine - Retour à Vitraux : thématique et ordonnancementn

Notes

(1) Il est possible de consulter les Monuments de l’apostolat, par M. Faillon, prêtre de Saint-Sulpice. Cette publication extraordinaire confirme les faits de la légende, à l’exception du pèlerinage du prince à Rome et à Jérusalem avec saint Pierre. Toutefois, M. Faillon ne paraît rejeter ce fait qu’en s’appuyant sur l’impossibilité où le prince aurait pu d’être reconnu par saint Pierre à la croix qu’il portait sur l’épaule. Ce qui ne paraît pas rigoureux. Retour